3- PS THEATRE XXe IONESCO Expression orale Du conflit tragique… SOPHOCLE (v. 495-405 av. J.-C.) Antigone

Polynice et Etéocle se sont entretués dans l’attaque, pour l’un, et la défense, pour l’autre, de Thèbes, Antigone et Ismène, leurs soeurs, affrontent leurs positions sur ce qu’il convient de faire du corps de Polynice, coupable d’avoir menacé la cité.

Prologue recopié depuis le site Célestin de Lyon

[Ismène . – Qu’y a-t-il ? Visiblement…
Ce trouble, cette rougeur sur ton visage…
Sans doute à cause de ce que tu vas me dire…]

Antigone . – C’est Créon… Les funérailles de nos frères…
Pour l’un, il a autorisé les cérémonies.
À l’autre, il refuse le droit et l’honneur d’être inhumé.
Étéocle, c’est fait, à ce qu’on dit. Correctement.
On lui a rendu les honneurs, le tombeau est refermé.
Étéocle a trouvé sa place parmi les morts.
Mais Polynice, lui, le pauvre, son cadavre restera là.
Créon, paraît-il, a fait proclamer par le crieur public
Qu’il était interdit de l’enterrer,
Et même, dit-on, de célébrer son deuil.
Interdiction générale.
Il n’a droit à rien, ni pleureuse ni tombeau.
Son corps sera laissé en pâture aux oiseaux rapaces.
Ils s’en feront une ventrée, un régal !
Voilà ce dont parlent les gens,
Voilà l’édit du bon Créon.
Voilà ce qu’il nous a fait savoir par la voix du crieur public, à toi et moi.
À moi ! Oui, à moi !
Il paraîtrait qu’il va venir ici,
Pour jouer lui-même le crieur,
Il va crier ses ordres dans les oreilles
De ceux qui ne les auraient pas entendus.
L’affaire est grave :
« Quiconque enfreindra l’une de ces interdictions
Mourra lapidé par le peuple dans l’enceinte de la ville. »
C’est ainsi. Sache-le.
À toi de te montrer à la hauteur de ta naissance,
Fille de rois.
Auras-tu le cœur noble ou la lâcheté d’une gueuse ?

SOPHOCLE, Antigone (Traduction de Florence DUPONT), L’Arche, 2007

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