4- HIDA Ernest PIGNON-ERNEST Rimbaud (1978)

Ernest PIGNON-ERNEST  Rimbaud (1978)

Découvrir le parcours RIMBAUD par l’artiste Ernest PIGNON-ERNEST Portraits de Rimbaud « sur les murs » 1978-1979.( Pour lancer le diaporama, il faut choisir l’intervention Rimbaud puis cliquer sur l’image de Rimbaud à côté du titre (Rimbaud 1978-1979)

1978_rimbaud Ernest Pignon-Ernestcar de Rimbaud, l’artiste dit qu’on ne peut aire un portrait en marbre ou en bronze, aussi a-t-il imprimé ses images en sérigraphie ; images collées sur les murs de Paris, puis de Charleville-Mézières ; la pauvreté et la vulnérabilité du papier restituant la fragilité de l’instant poétique, l’éphémère.
Objectifs de la séance
– Aller au-delà d’une première impression (antipathie, sympathie, indifférence, « sidération ») face à une image pour faire émerger un sens plus complexe (des sens) grâce au relevé détaillé du dénoté, à un effort d’analyse stylistique et technique et à une prise en compte du support et du contexte de diffusion.

Déroulement
– Découverte de l’image (photocopie individuelle + image collective en couleur)
– Présentation rapide de la méthodologie
– Présentation par le professeur du contexte culturel, et du support matériel
– Relevé par toute la classe du dénoté (objectif)
– Élaboration collective de quelques éléments stylistiques
=> Propositions d’interprétation

 

Extrait de l'image Rimbaud par Ernest PIGNON-ERNEST

Ernest PIGNON-ERNEST Rimbaud (1978) Détail d’une affiche photographiée dans une rue parisienne.

1. Présentation du contexte culturel, et du support matériel
L’artiste : Ernest Pignon-Ernest, niçois, vit et travaille à Paris. Depuis plus de trente ans il appose des images peintes, dessinées, sérigraphiées sur du papier fragile, sur les murs des cités, dans des cabines téléphoniques, qui se fondent dans l’architecture urbaine, sont acceptées par les populations qui les défendent même de leur dégradation lente (Naples). Les témoignages photographiques accentuent cette fusion et en gardent les traces. Ernest Pignon-Ernest dénonce l’art construit pour les musées et expositions.
 » …au début il y a un lieu, un lieu de vie sur lequel je souhaite travailler. J’essaie d’en comprendre, d’en saisir à la fois tout ce qui s’y voit : l’espace, la lumière, les couleurs… et, dans le même mouvement ce qui ne se voit pas, ne se voit plus : l’histoire, les souvenirs enfouis, la charge symbolique… Dans ce lieu réel saisi ainsi dans sa complexité, je viens inscrire un élément de fiction, une image (le plus souvent d’un corps à l’échelle 1).
Cette insertion vise à la fois à faire du lieu un espace plastique et à en travailler la mémoire, en révéler, perturber, exacerber la symbolique… »

Les sujets choisis par l’artiste révèlent un intérêt fort pour des sujets représentant le corps humain dans toute sa force, sa présence (matérialité, violence, lutte contre la maladie…) et cela transposé dans un contexte social urbain (où le corps n’a pas habituellement cette place).
Le document qui est sous nos yeux est (une photocopie) d’un détail de la reproduction d’un détail d’une photographie réalisée par l’artiste d’une « affiche » également réalisée par lui, placée sur le mur d’une ville. Cette affiche représente Rimbaud (dans l’exposition urbaine : le corps est représenté en pied) un Rimbaud moderne, dont le visage est dessiné d’après une photographie du poète par Etienne Carjat.

 

Rimbaud Photographié par E. CARJAT

Rimbaud  carjatOn ne peut que remarquer « l’épaisseur » des médias entre les deux artistes, entre les artistes et nous. Cette épaisseur ne sépare pas : elle fait lien, chacun étant « pris » dans la couche précédente.[Et si la classe s’était photographiée en train de regarder l’image de la photographie de Pignon par Pignon de Rimbaud par Carjat ?]
Le contexte urbain est aussi à prendre en compte : Que signifie le « DEF » visible sur la copie ?
Défense d’afficher, loi du 29 juillet 1881 (loi de la liberté de la presse, qui lui impose des limites, comme par exemple, ne pas atteindre à l’honneur d’un citoyen. L’affichage public a ainsi été limité, la loi prévoyant que certains espaces n’étaient pas des supports d’affiches.)

2. Le dénoté et le style de l’oeuvre
Relevé par toute la classe du dénoté (objectif) : on décrit l’image « en couleur ».
Sur le personnage :
– vu de face, buste tourné vers spectateur, se tient droit, buste assez fort, droit ; vêtu d’une chemise « moderne » col largement ouvert, portant à l’épaule une veste ou un sac (voyageur, en marche), chemise / veste unie sans fantaisie, en tissu plutôt grossier, un peu froissée, chiffonnée ; on ne distingue ni bouton, ni autre moyen de fermeture (sans époque) ; on distingue une main ferme, puissante qui tient le sac.
– visage allongé, menton arrondi, un peu large, puissant, « volontaire », arrondi du visage représenté avec netteté (jeunesse) visage imberbe, peau claire, très claire ; bouche plutôt large, fermée, ni souriante, ni fâchée, lèvre supérieure bien visible lèvre inférieure suggérée, bouche un peu « boudeuse », la lèvre inférieure étant légèrement avancée ; le nez est droit, sans courbure marquée ; les deux yeux sont légèrement écartés, en amande, les paupières lourdes ; les iris sont très clairs (yeux bleus) ; les yeux fixent quelque chose ou quelqu’un qui se trouve sur la gauche du spectateur, à hauteur des yeux : impression d’un regard dans le « vide », ailleurs ; les sourcils sont moyens, peut-être fins ; les cheveux sont châtains ou bruns, coupés assez courts, raides et un peu rebelles, séparés par une raie à gauche, qui fait une mèche sur le front, des épis, des reflets lumineux dans les cheveux.
Sur le décor :
– l’arrière plan est de plusieurs natures : l’affiche est froissée et déchirée, elle a un fond plutôt crème que blanc et le portrait est dans un camaïeu très nuancé de gris, mais sur cette affiche, rien d’autre n’est représenté que le personnage, il y a donc un arrière plan proche qui est vide. Le décor est ensuite constitué par le mur « réel » sur lequel l’affiche a été collée. Et ce mur est gris, irrégulier, on voit des coulures de ciment / crépi gris. Il est inscrit sur ce mur « défense d’afficher, Loi … » en caractère noirs, grand format (la moitié de la hauteur de la tête du personnage). Le mur est également tagué : ce sont les seules couleurs (rouge, rose, et noir et blanc), on ne lit pas les mots formés par les tags.

Le style de l’oeuvre

Rimbaud Visage Ernest PIGNON ERNEST

« Rimbaud » (Détail) Oeuvre et installation (Intervention) de Ernest PIGNON-ERNEST (1978) Sérigraphie collée sur un mur parisien, partiellement déchirée.


– De façon sommaire, nous pouvons remarquer le contraste entre le noir et blanc de l’affiche d’une part et la couleur du mur réel de l’autre (mélange du réel et de l’imaginaire ? du créé et du réel ? avec la fusion – confusion généré par les tags en couleur et en noir et blanc, Le caractère d’imprimerie (réel et écrit) noir du « défense ». Avec l’affiche posée sur ce « défense d’afficher ») ; contraste également fortement marqué entre l’ombre et la lumière (« surexposition ») sur le visage et le corps du poète ; contraste des « matières » : douceur des nuances du dessin =/ rugosité du mur. On remarque également la posture de face debout dans la rue du marcheur s’opposant à son « immobilité » sur une affiche. L’opposition ou la tension encore entre le regard intérieur, intime » et l’exposition du corps dans la rue. Tensions encore entre les techniques et les époques : classique du tracé, moderne pour le support (l’affiche), contemporaine du tag, du déchiré…

3. Le travail d’interprétation, synthèse des pistes ouvertes par la description du dénoté
Pistes d’interprétation
– sens global : un portrait du poète proche et lointain (inaccessible, intouchable) ; proximité, contemporanéité du poète ; préinscription dans la vie des contemporains, matérialité du corps du poète au-delà de la mort ; fragilité de l’image et permanence, omniprésence ou ubiquité (répétition des affiches, et présence simultanée dans différents lieux) ; importance du passage, du présent, de ce qu’on a vu, rencontré, vécu…
– impressions ressenties par les élèves : admiration, inquiétude, tristesse…
– visée : faire ressentir la force de l’éphémère, sa beauté…

 

Lien avec l’actualité (avril 2010)

La découverte d’une photographie de Rimbaud à Aden

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