3- Brevet Français 2019 Albert CAMUS Le Premier Homme (1994) Questions. Corrigé.

Grammaire et compétences linguistiques (18 points)

1. a) Le groupe complément d’objet de savourait est : l’unique friandise chaude et parfumée d’huile forte qu’il leur laissait.
b) L’usage était alors qu’il offrît une frite à chacun de ses camarades, qui la savourait religieusement.
c) Friandise est complété par :
chaude et parfumée qui sont des adjectifs qualificatifs / participe employé comme AQ.
qu’il leur laissait est une proposition subordonnée relative.
d’huile forte est un groupe nominal (complétant parfumé)

2. Le festin terminé, plaisir et frustration aussitôt oubliés, c’était la course vers l’extrémité ouest de la plage.
Quand le festin était terminé et que le plaisir et la frustration avaient été oubliés, c’était…
Ou bien
Quand le festin était terminé et dès que / aussitôt que le plaisir et la frustration avaient été oubliés, c’était…

3. Réécriture
Si par hasard deux d’entre eux avaient la pièce nécessaire [les pièces nécessaires], ils achetaient un cornet, avançaient gravement vers la plage, suivis du cortège respectueux des camarades et, plantant leurs pieds dans le sable, ils se laissaient tomber sur leurs fesses, portant d’un main leur cornet bien vertical et le couvrant de l’autre.

Robert DOISNEAU

Compréhension et compétences d’interprétation (32 points)

4. a) La scène évoquée se répète plusieurs fois, on peut le voir par le complément circonstanciel de temps insistant sur l’habitude, la répétition : la plupart du temps (ligne 11), mais aussi le lexique l’usage (ligne 7), enfin et surtout par l’imparfait d’habitude (par exemple : ligne 3, il achetait, avançait, ligne 5 il se laissait tomber, …)

b) Ce moment de la dégustation d’une frite offerte est particulièrement important pour les enfants, car ceux-ci n’ont pas d’argent. Je le vois lorsque Albert Camus écrit : le petit groupe n’avait même pas l’argent d’un cornet à la ligne 2. L’adjectif respectueux associé au mot cortège ainsi que les adverbes gravement, et religieusement (lignes 3 à 8) associant la dégustation à un moment religieux, montrent combien la situation est vécue par les enfants avec intensité. On comprend aussi que ce moment est important car manger des frites était quelque chose de rare et il semble que celles-ci aient été particulièrement délicieuses. L’unique friandise chaude et parfumée est-il écrit ligne 8, le terme friandise, dans notre esprit, est davantage associé à un aliment sucré, mais, dans tous les cas, il s’agit de quelque chose de succulent, ce qui est souligné par le terme festin (ligne 12). Tous ces éléments concourent à nous montrer l’importance de la scène pour le narrateur.

5. a) L’écrivain montre que les enfants sont heureux au moment de la baignade de plusieurs manières. Tout d’abord le narrateur évoque, grâce aux participes présents, de nombreux jeux qui ne peuvent manifester la joie ou des moments très plaisants, au point de faire oublier le peu de frites partagées : nageant, s’exclamant, bavant et recrachant, se défiant à des plongeons… Ensuite les enfants perçoivent la nature comme particulièrement bonne et bienveillante : la nature est douce et tiède, le soleil léger. Autant leur activité que leur environnement semblent donc la source de la joie qui emplit leurs jeunes corps.

b) Et cette joie est si forte que les enfants en semblent comme transformés le soleil léger devient la gloire de la lumière, à la ligne 19, ce qui semble métamorphoser les enfants en maîtres d’un univers tout à eux : ils régnaient sur la vie et sur la mer, et ce que le monde peut donner de plus fastueux : cette idée que rien ne peut s’opposer à leurs plaisirs et à leurs jeux leur confère un sentiment de puissance et d’éternité, comme s’ils étaient à la fois les maîtres du lieu et les maîtres du temps. La comparaison comme des seigneurs assurés de leurs richesses irremplaçables montre aussi qu’ils comprennent ou qu’ils devinent que ces merveilleux moments de lumière et d’eau sont une grande chance (richesses).

6. La fin du texte apporte de nouveaux éléments. Tout d’abord la ville qui semblait noyée dans une sorte de brume apparaît (devenait plus distincte ligne 28) et avec elle, c’est le retour au réel. Ensuite l’un des enfants arrêtent les jeux par une remarque montrant sa conscience du temps revenue : il est tard. Enfin les enfants se séparent très rapidement (ce que signifie le mot débandade ligne 31) prenant soudain conscience qu’ils ont certainement dépassé l’heure de rentrer à la maison et que peut-être une correction les y attend. C’est donc à chaque pas, un effacement du moment magique pour un retour de plus en plus douloureux dans la réalité, qui peut être dure...

7. Voici les titres que je peux proposer :

Lignes 1 à 12 Des miettes de bonheur / Une friandise partagée

Ligne 12 à 24 La magie de la baignade / Jeux dans la mer et la lumière

Ligne 24 à 33 Retour au réel / Il est tard !

8. je peux établir plusieurs liens entre la photographie de Robert Doisneau est le texte d’Albert Camus. Tout d’abord dans les deux documents, il s’agit d’enfants qui sont en train de jouer avec bonheur, et qui sont visiblement pauvres, je le vois à leurs habits mais aussi au fait qu’ils jouent dans un véhicule abandonné. De la même manière, lleur simple jeu, baignade ou conduite d’un véhicule, s’appuie sur l’imaginaire et le bonheur partagé ensemble indépendamment du contexte bien simple.
Je remarque également que dans ces deux documents, le contexte, le décor de la ville, est présent en arrière-plan de la photographie en plan d’ensemble ou du texte narratif. Le noir et blanc évoque aussi pour moi un temps passé et un peu ancien qui correspond aussi bien au texte qu’à l’image. Enfin pour l’image, il s’agit d’une composition centrée sur les enfants et fermée, de la même manière que le texte ne s’intéresse à rien d’autre qu’à son groupe d’enfants et à ses activités et ses jeux. Ces deux documents ont donc de nombreux points communs ; mais le texte de Camus évoque davantage un lieu et un moment presque hors du temps, tellement le corps des enfants étaient heureux dans l’Algérie de son enfance.

Robert Doisneau La Voiture fondue 1944

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